75%. C’est le taux d’abstention enregistré pour les 18-24 ans lors du second tour des élections législatives de 2022. Si l’union de la gauche a tenté d’imposer dans les urnes un troisième tour social censé répondre aux attentes des jeunes électeurs, ce pari est malheureusement manqué.
Abstention n’est cependant pas synonyme de dépolitisation : selon l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), près de 40% des 18-30 ans ont donné une partie de leur temps bénévolement tandis que 47% d’entre eux ont signé une pétition ou milité en faveur d’une cause. La problématique de l’engagement politique de la jeunesse ne réside donc pas tant dans le fait de devoir mobiliser ces jeunes que dans celui de capter cette participation citoyenne afin de la transformer en vote. Les partis pâtissent aujourd’hui de ce manque d’attractivité, peinent à représenter les aspirations des plus jeunes électeurs faute d’avoir su se réinventer.
Selon l’enquête conduite par l’Institut Montaigne au sujet de la jeunesse plurielle, près de 39% des 18-24 ans seraient -selon leur appellation- des « démocrates protestataires ». Aussi, loin de revendiquer l’appartenance à une culture politique anti-système, voire révolutionnaire, ces derniers multiplient, au contraire, les formes d’engagement politique. Ainsi estiment-ils que le vote n’est ni l’unique voie de mobilisation ni le moyen le plus efficace de faire advenir des idées nouvelles. D’autre part, toujours selon cette enquête, 22% de la jeunesse se revendique comme « révoltée », rejetant les modes d’expression démocratique traditionnels afin de promouvoir une nouvelle forme d’engagement plus radicale. Seulement 26% s’estiment éloignés des préoccupations politiques.
Ce paysage illustre la diversité et la pluralité des profils composant la jeunesse mais prouve avant toute chose qu’au sein même des plus engagés, le vote demeure insuffisant à capter leur intérêt faute de satisfaire leur exigence de représentativité. Trop opaques, trop désuets, les partis politiques sont désertés par la jeunesse qui ne voit en ses représentants que des épouvantails inaptes à porter les causes auxquels ils consacrent tant de leur temps.
Au-delà des partis politiques, il n’est donc pas étonnant que la jeunesse se soit tournée vers de nouveaux modes d’engagement, à même de répondre à leurs exigences. Les associations et lieux de discussion informels sont devenus les agoras du XXIeme siècle, capables de vivifier la ferveur démocratique. C’est en partie pour satisfaire cette ambition que le Cercle Lueurs Républicaines s’est donné pour but d’organiser, par le truchement de réunions de discussion informelles, des places de discussion privilégiées apte à entendre cette jeunesse qui se sent muette.
Comme le disait Romain Gary : « La vérité meurt jeune. Ce que la vieillesse a “appris” est en vérité ce qu’elle a oublié ». Les combats de demain seront portés par cette jeunesse lucide et qui sait le poids qui pèse sur ses épaules. Aussi, tâchons de ne pas la mépriser et de faire en sorte que nos institutions regagnent leur confiance. Il en va de l’avenir de notre démocratie.