Le candidat Macron affirmait en 2017 comme en 2022 que l’éducation serait une priorité. Nous pouvons facilement déclarer que très peu a été fait pour améliorer les conditions d’étude de nos élèves que ce soit au niveau des effectifs au collège et au lycée que sur les conditions matérielles dans les établissements scolaires et les revalorisations salariales des enseignants. Très peu a été fait pour lutter contre les déterminismes sociaux, pour faire que l’ascenseur social qui a permis a tant d’enfants de grimper les barreaux de l’échelle sociale redémarre, pour faire que les inégalités à la racine se réduisent.
Les annonces ministérielles afin de développer la mixité sociale dans les établissements se font attendre, elles ont été reportées à plusieurs reprises malgré l’urgence.
Sans attendre les prochaines mesures, plusieurs dispositifs ont été récemment expérimentés : on peut citer l’exemple de l’académie de Paris qui a créé des secteurs multi-collèges qui permettent un meilleur brassage social entre plusieurs établissements du même secteur. Ce dispositif mis en place depuis 2017 semble porter ses fruits et méritera une évaluation sur plusieurs cohortes. Si les résultats sont à la hauteur, il serait intéressant de généraliser ce dispositif, voire même de l’exporter dans des départements proches mais sociologiquement différents comme Paris et la Seine-Saint-Denis, ce que le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis a dernièrement proposé.
D’autres établissements situés en réseau d’éducation prioritaire multiplient les projets pédagogiques, les options ou les spécialités les plus attractifs pour attirer des profils d’élèves différents. Le ministère de l’éducation nationale devrait fortement encourager les filières d’excellence artistiques ou culturelles ou les sections européennes et internationales à condition que les élèves les suivant ne soient pas regroupés dans les mêmes classes.
Certains estiment que le ministère devrait mettre l’enseignement privé sous pression pour promouvoir la mixité sociale. Cela peut paraître intéressant mais il est d’abord prioritaire que le ministère envisage d’abord de favoriser la mixité dans les établissements publics et en particulier ceux qui sont les plus en difficulté.
D’autres mesures permettraient de promouvoir la mixité comme l’obligation d’un plan « mixité sociale » dans tous les départements avec une élaboration commune entre le conseil départemental et la direction académique des services de l’éducation nationale qui définiraient les mesures les plus adaptées à leur territoire, mais bien sûr, c’est d’abord et avant tout un investissement massif dans les écoles, les collèges et les lycées de REP et REP+ qui réduiraient les inégalités sociales sur le territoire avec la baisse des effectifs dans tous les établissements de ces réseaux mais aussi partout dans les lycées technologiques et professionnels. Comment faire progresser nos élèves dans des classes à plus de vingt-trois dans les collèges et de trente dans les lycées malgré l’engagement sans faille de nos enseignants dont l’investissement dans les établissements des REP et de REP+ devrait être bien davantage reconnu en terme de rémunération et de conditions matérielles? Pourquoi ne pas développer massivement l’accompagnement personnalisé des élèves de ces établissements bien au-delà de « devoirs faits » avec des séquences de travail sur la méthode, les compétences, les savoir-être et les savoir-faire? Pourquoi ne pas mettre en place un accès à la culture bien plus généralisé à ces élèves grâce à la plateforme audiovisuelle Cyrano qui leur serait gratuitement ouverte et accompagnée de toutes les oeuvres étudiées au collège et au lycée et bien plus notamment avec une cartographie des lieux et des événements culturels à proximité?
La mixité sociale doit se réfléchir au plus près du terrain avec tous les acteurs (rectorats, direction académique des services de l’éducation nationale, communes, départements, régions, chefs d’établissement, enseignants et parents d’élèves) mais elle doit finir par s’imposer parce qu’elle permet à des élèves d’horizons sociaux, économiques, culturels différents de se rencontrer ce qui est bon pour tous. C’est ce brassage social nécessaire partout qui permet à tous les élèves de s’ouvrir vers d’autres univers, n’est-ce pas là, après tout, la mission première de l’Ecole ?