Alors que la COP 28 à Dubaï se termine, il est l’heure de faire le bilan. Un accord a finalement été trouvé entre les participants de cette nouvelle conférence sous l’égide des Nations Unies (ONU). Elle avait aussi pour but de dresser un bilan des actions entreprises pour le climat depuis la COP 21 de Paris en 2015.
Le texte signé acte le début de la fin des énergies fossiles, qui détiennent à 80% la responsabilité du changement climatique. Pour la première fois, une COP évoque ce sujet, jusque-là considéré comme tabou. Cependant, nous ne pouvons nous en réjouir. Si cette tournure de phrase à le mérite d’avoir fait consensus, c’est bien loin de l’objectif initial de “sortie” des énergies fossiles. On doit ce blocage aux membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Son Secrétaire Général a demandé à ses membres de refuser tout accord qui porterait sur les énergies fossiles. Mis au pied du mur, les négociations se sont contentées d’une simple réduction.
L’accord final acte la “transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques”, qui ne donne cependant aucune information sur l’échéance de cet objectif. Doit-il être accompli en 2050 ? En 2100 ? Autrement dit, cette ambition semble difficilement atteignable, d’autant que la consommation de pétrole n’a toujours pas atteint son pic. En effet, un nouveau record mondial de consommation de pétrole a été battu en 2023 : 101 millions de barils par jour. Le GIEC estime que la consommation mondiale de pétrole devrait baisser de 28% tandis que les émissions de gaz à effet de serre devraient diminuer de 43% d’ici à 2030… Comment, dans ces conditions, atteindre l’objectif de la COP21 de Paris d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés ?
L’accord prévoit de compenser les émissions, notamment grâce aux technologies de captation de CO2. Au lieu d’éviter l’émission de CO2, cette technologie procure des permis de polluer aux entreprises les plus dévastatrices pour l’environnement, notamment les entreprises pétrolières, premières à investir dans ces technologies.De plus, l’Agence Internationale de l’Energie (IAE) estime que ces technologies ne permettraient d’éviter entre 1 et 2 % de la quantité de CO2 dans l’atmosphère, contre 35% pour les énergies renouvelables. Selon cette dernière, atteindre ces quantités d’énergie nécessiterait une consommation d’électricité comparable à celle de la France en 2021, soit 10 exajoules.
Qu’en est-il des engagements de la COP 21 où les pays développés s’étaient engagés à débloquer 100 milliards de dollars par an destinés aux pays en développement pour assurer leur transition ? Qu’en est-il des 1000 milliards de dollars d’investissement dans les énergies bas carbone ? Le compte n’y est pas.
Si la France remplit ses obligations en la matière – 5 milliards d’euros en 2020, et l’objectif de 6 milliards d’euros par an d’ici à 2025 – la diminution de ses émissions de gaz à effet de serre reste trop lente pour parvenir à la neutralité carbone. Pourtant les solutions sont là : le rythme des rénovations énergétiques atteint 600 000 logements par an. Mais ce rythme doit s’intensifier pour rattraper le retard pris pendant les dernières années. Les bâtiments publics restent un vivier conséquent à rénover, à la fois source d’économie d’énergie et d’argent public pour ces collectivités en mal de financement. Les produits pétroliers raffinés comptent encore pour 41% du mix énergétique français et le gaz pour 19%. Un effort considérable doit encore être accompli à ce sujet. Enfin, la stratégie du tout électrique pour le parc automobile français reste purement imaginaire et ne résoudrait en rien le problème que posent les véhicules en termes de consommation d’énergie, alors même que la solution pourrait consister à se passer au maximum de l’usage de véhicules personnels dans les milieux urbains.
Combien de COP faudra-t-il avant que la donne change ? Pour occuper la place de leader dans la lutte contre le changement climatique comme le rêve Emmanuel Macron, la France devra respecter ses engagements pris dans sa propre capitale.