La période électorale que nous traversons est à la fois dramatique et inquiétante. Voilà plusieurs années que nous sommes, en tant que citoyennes et citoyens, appelés à faire barrage à l’extrême droite et que nous obéissons à chaque fois pour éviter le pire. Aujourd’hui le pire est là.
L’urgence démocratique dans laquelle nous sommes, nous oblige à faire barrage au Rassemblement National. Notre ennemi, à toutes et tous, demeure l’extrême droite. Il n’y a aucune complaisance possible à avoir avec un parti qui a été fondé sur la haine, le rejet de l’autre et avec la conviction profonde qu’il existe une hiérarchie entre les citoyens en fonction de leur origine et/ ou de leur genre.
La préférence nationale – qui est une façon détournée de dire : « La France aux français » – est le cœur idéologique du Front National de Jean Marie Le Pen, devenu le Rassemblement National sous la houlette de Marine Le Pen, sa fille, en 2018. Cette préférence nationale transpire dans chacune des idées portées par le rassemblement national : l’accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation, aux logements, à la culture, à la formation, à la sécurité…
La libération de la parole raciste, les actes racistes, antisémites ou anti musulmans gangrènent notre société, et sont alimentés par quelques politiques, depuis des lustres. Ce que nous vivons depuis le 9 juin, c’est un réel lâcher-prise sur le racisme. Le déclassement, le sentiment de non appartenance, le repli sur soi d’une partie de la société – que l’on ne cesse de stigmatiser – la ghettoïsation de nos quartiers, ne date pas du 9 juin dernier. C’est un long processus qui s’est installé au sein de notre société. Cette souffrance n’a pas été prise en compte, les revendications ont été étouffées, espérant qu’elles finissent par disparaitre naturellement.
L’absence de réponse et le mépris d’une partie de la classe politique, Rassemblement National inclus, ont fini par laisser la place à la violence au sein de notre société. Une violence qui s’est d’abord traduite dans la réponse apportée aux mouvements sociaux de 2016 dénonçant les conséquences de la Loi Travail, puis encore récemment dans ceux autour de la réforme des retraites, ou encore lors des violences urbaines qui ont suivies la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre.
Notre génération récolte, aujourd’hui, le résultat des errements et accommodements avec l’ennemi. Nous assistons, presque impuissants, depuis des années à une fracture morale de notre société. Tantôt la droite qui s’accapare les idées du Rassemblement National, en prétextant vouloir lutter contre lui, tantôt la gauche, qui pour faire rempart abandonne et trahit les électeurs qui l’ont toujours portés pour se perdre en chemin. Ce basculement au sein de notre société et des fondements de celle-ci, nous sommes en train de le payer aujourd’hui et ne disparaitra pas le 7 juillet au soir. Les combats à venir ne seront plus uniquement des combats sociaux, de justice, de dignité humaine ou d’égalité, ils seront avant tout basés sur notre identité.
En tant que jeunes habitants des quartiers populaires, citoyens engagés, nous mesurons l’urgence et le risque de l’arrivée du Rassemblement National au pouvoir. Il suffit de regarder les villes qu’ils dirigent où ils ont démantelé, petit à petit, le vivier associatif en supprimant les subventions de ses acteurs, qui après la disparition des services publics dans nos quartiers, continuent d’agir afin de combler les défaillances de l’Etat, sans améliorer la vie de cette France dont ils se disent les défenseurs.
Plus que jamais, le front républicain doit s’appliquer dans notre pays face à l’irresponsabilité des uns et des autres qui refusent le désistement républicain !
Plus que jamais, il faut faire front pour affronter nos ennemis : l’extrême droite !
Plus qu’hier, il nous faut nous mobiliser pour reconstruire une gauche juste, forte socialement et écologiquement, et surtout profondément républicaine.
Baptiste Ménard, Président de Lueurs Républicaines Sarah Haddi, Vice-Présidente de Lueurs Républicaines